Une fête ? Depuis quand n'avais-je pas été à une de ces fêtes d'étudiants, où il y en a forcément un qui se met en spectacle en buvant trop. Une autre qui finit en apprentie stripteaseuse sur la table. Et un couple, sur le côté qui se mettait en spectacle en nous faisant tous partager leur ébat sur le canapé. Voilà à quoi se résumait une fête d'étudiants pour moi. Et je trouvais ça inutile. J'aimais faire la fête, ça oui ! Si Jessie m'en trouvait une bien alors j'accourais en mini-jupe et prête à m'amuser comme jamais. En même temps, les fêtes où elle m'embarquait n'étaient pas celles destinées qu'aux étudiants. Non, non. On retrouvait des jeunes hommes plus vieux, parfois même mariés qui étaient prêts à nous payer un verre, en pensant qu'on rentrerait avec lui. Seulement ce n'était pas mon cas, je ne couchais pas avec le premier venu, même s'il m'avait offert un verre. Je valais bien plus que cela. Sauf quelques fois je l'avoue, où je n'étais plus vraiment en état de me dire que je n'étais pas ce genre de filles. Oui, ça m'était arrivée de me réveiller nue, à côté d'un inconnu qui puait l'alcool. Et je dois admettre que c'est très désagréable. On se sent pitoyable. Pitoyable d'avoir pu donner son corps à un homme qui ne connaissait pas votre prénom, et qui ne sait rien de vous à part que vous aimez vous m'amuser et boire de l'alcool. C'est plutôt malheureux d'en arriver là. Et je plains ces pauvres filles qui quasiment toutes les semaines se retrouvent dans cette situation. Elles doivent à force se sentir sale et avoir honte. Du moins, j'aurai honte à leur place. Ne leur a t-on jamais dit que faire l'amour signifiait offrir son corps ? Comment peut-on coucher sans avoir de sentiments et en étant plutôt clean ? J'ose dire ça car moi j'ai une excuse. Le peu de fois où j'ai fait ça, j'aurais été capable de vous dire que 2 + 2 était égal à 7. J'aimais faire la fête, seulement quelques fois je préférai rester à la maison sous ma couette avec ma glace-qui-ne-me-faisait-pas-prendre-un-gramme. Vous ne connaissez pas ça ? Le jour où vous avez juste envie de rester enfermée et de déprimer toute seule dans votre coin, sans voir personne. Depuis un an, ce genre de choses m'arrivaient souvent. Depuis... Ce jour maudit où ma vie avait basculé... Seulement je devais être forte et réapprendre à vivre. A redevenir sociale, à voir du monde et les fêtes servaient à ça, nan ? D'une certaine manière je devais y aller. D'une autre, je n'en avais pas du tout envie. Lequel l'emporterait sur l'autre ?

De plus, c'était bien stipulé "Omicrons" sur le papier donc je connaitrais forcément du monde. Nous faisions partie de la même confrérie après tout. On devait se serrer les coudes. Nous étions tous des Français, catapultés en Californie avec des correspondants qu'on ne connaissant pas ni d'Ève ni d'Adam. Heureusement j'étais pas mal tombée de mon côté. Je n'avais pas beaucoup eu l'occasion de parler avec Joshua mais il m'avait l'air d'être quelqu'un d'accessible et de facile à connaître, même si ça ne s'était pas bien passé avec lui, ça n'aurait pas changé le cours de ma vie. Certes c'est mon correspondant mais les Frenchies ont une confrérie à eux, donc pas obligé de se coltiner les Berkléens que nous ne pouvons pas voir, toute la journée. Quoique j'aurai bien échangé certains Californiens avec certains Français. Bah quoi ? On est pas obligés de tous nous aimer. C'est pas parce-qu'on vient de la même université, que c'est tous l'amour fou ! Bref, si je me rendais à la fête, ça avait du bon. Je retrouverai certains Omicrons que je porte dans mon cœur. Maxime, Aurlanne, Alban. Et ça me ferait sûrement du bien de les voir. J'avais bien besoin qu'on me redonne le sourire, car là tout de suite ce n'était pas vraiment la grosse rigolade... Il fallait que je me motive et que je sorte. Que je voie du monde ! Et de préférence des amis, pas des gens qui transformeraient ma non-motivation en colère ou méchanceté. J'avais pas spécialement envie de me donner en spectacle dans ce genre de fête. De toute façon, j'évitai de me donner en spectacle tout court. Je n'aimais pas ça. Je n'avais aucune raison pour me mettre en avant, c'était complètement inutile et puérile. Comme quand étant plus petite on avait tous une copine qui racontait des mensonges plus gros qu'elle, juste pour qu'on la trouve intéressante. C'est tellement pathétique ! Je regardai une nouvelle fois l'invitation que j'avais dans les mains. Que devais-je faire ? Y aller ? Rester dans la chambre ?

A vrai dire, rester dans la chambre me paraissait une excellente idée. C'était tellement luxueux. Même toutes les familles d'accueils où j'avais vécu pour mes différents voyages linguistiques n'avaient jamais pu m'offrir ce luxe ! C'était vraiment impressionnant. Berkeley avait fort ! A l'occasion de l'échange scolaire avec La Sorbonne (donc nous !), l'université avait organisé un voyage à Las Vegas. Oui, oui. Las Vegas, vous avez bien lu. Je n'aurai jamais pensé y mettre les pieds un jour. Pourtant j'avais un nombre incalculable de voyages à travers le monde, seulement ce n'était pas une ville qui m'attirait réellement. Pour moi, cette ville n'est juste qu'un jeu à elle-même. Tous ces énormes immeubles, toutes ces couleurs ! Tout ça, c'est trop ! Comment peut-on y vivre ? Seules les stripteaseuses et les accros au jeu trouvent leur bonheur ici, voilà tout. Je suis même sûre de n'avoir vu aucun lycée, ou aucun hôpital. Nan, en y repensant il doit y avoir un hôpital pour ceux qui font trop la fête et qui ont ingurgité tellement d'alcool qu'ils sont obligés d'aller faire un lavage d'estomac. Beurk... Ça m'écœure. Heureusement que ce n'était qu'un voyage qui ne durait pas trop longtemps. Je ne me verrais pas vivre ici. Loin de là. Finalement à côté, je me plaisais bien à Berkeley, même si c'était bien d'avoir changé d'air. Et puis, être dans un autre environnement que l'université devait nous permettre de créer des liens avec ceux que nous avions jamais osé approché et je devais faire un effort. Comme tous les étudiants ici, qui sortaient et voyaient de nouvelles personnes en allant aux fêtes organisées. Je suis sûre que certains profitaient autrement de ce voyage, comme se marier discrètement ou encore essayer de devenir riche pour ceux qui ne l'étaient pas ou en revanche ceux qui l'étaient dépensaient sans compter dans les machines à sous ou au black jack. De tout façon en général, je n'avais pas de chance aux jeux d'argent et puis, je n'avais pas que ça à faire de mes journées que d'essayer de devenir l'heureux élu de quelques millions de dollars. Oh ! Que faisais-je de mes journées dans la célèbre ville du pêché ? Sincèrement, pas grand chose. Je faisais ce que je faisais de mieux. C'est-à-dire me lamenter sur mon triste sort et dessiner des croquis pour mes futurs vêtements. Oui, à vrai dire ça fait un peu dépressive après l'avoir dit. Peut-être que je devrais me bouger les fesses pour y aller après tout. Il est encore temps de changer d'avis.

Si je me décidai à y aller, je n'étais pas du tout en tenue pour aller à une fête. Je me leva de ce foutu lit où j'avais passé quasiment les trois derniers jours, à part pour aller au toilettes et pour aller ouvrir au room service. Ah. Et puis, une douche ne me ferait pas de mal. Avais-je au moins déjà pris une douche depuis mon arrivée à Las Vegas ? Oh la la, je ne crois pas mais qu'avais-je fait ?! Vraiment rien à part déprimer dans mon coin. Quelle honte ! Je devais y remédier de suite et montrer que j'étais toujours vivante ! En ouvrant la porte de la salle de bains, je me rendis très vite compte que j'aurai dû profiter de ce luxe bien avant. Comment avais-je pu rester sale alors qu'une somptueuse baignoire (pour ne pas dire jacuzzi) était juste à côté à m'attendre... Je ne me fis pas prier bien longtemps avant de me glisser sous l'eau chaude. En attendant, je réfléchis à ce que je pouvais bien porter si j'y allais, oui car je n'étais pas encore sûre d'y aller. En tout cas une bonne douche me fit du bien, de toute façon j'en avais impérativement besoin. Heureusement que personne n'avait cherché à me voir, sinon il serait de suite partie à cause de la puanteur que je devais dégager. Et voilà, le tour était joué. A présent Valentine sentait la bonne vanille des îles. De quoi en faire chavirer plus d'un... Oui, oui je parle à présent de moi à la 3e personne, sûrement dû à mon isolement --'. Bref. J'enfilai la serviette de bain qui m'était destinée. Toute douce, soit dit en passant, et je partis examiner ce que j'avais de beau dans mes placards. Il e fallait quelque chose de simple mais en même temps original. Je voulais pas paraitre banale. Bien sûr que nan, je n'étais pas banale ! Je fouillais... Fouillais... Et Hallelujah !! Le Saint-Graal était en face de moi. J'avais ma tenue. J'enfilai tout ça, très fière d'avoir su trouvé quelque chose qui allait me démarquer des autres invités. Je partis devant l'immense miroir (il faut toujours que tout ça énorme, gigantesque, ou immense à Las Vegas !) et je me maquillai. Moins gothique que d'habitude vu que ma tenue faisait pas mal originale donc pas besoin en plus d'insister sur le maquillage. Ça risquerait d'en faire trop. Blush.. Poudre... Mascara... Me voilà fin prête à affronter le regard des autres.

Je pris une petite sacoche où je mis mon i-phone, mon i-pod (au cas où la fête soit vraiment nulle), quelques autres petites babioles et mes chaussures aux pieds je sortis de la chambre, après avoir regardé une dernière fois l'invitation. Il était presque 21h, j'étais vraiment en retard. Mais bon, je me ferai discrète, j'étais douée pour ça. J'arrive, je me place à côté du buffet et ni vu ni connu je vais vers les autres. Et s'ils me disent "oh! je t'ai pas vu arriver" alors je leur réponds "si si, j'étais là. Derrière toi.". J'arriva au toit et avant d'ouvrir la porte, je souffla un bon coup et je pris mon air détendu. Il ne pouvait rien m'arriver, et puis j'avais réussi à me rendre plutôt potable malgré mon hibernation dans la chambre d'hôtel. Je connaissais certaines personnes et j'en éviterai d'autres. Tout allait bien se passait. Je mis ma main sur la poignée et exerça une légère pression pour ouvrir la porte, seulement elle grinçait... La discrétion était loupé. Je finis par l'ouvrir d'un grand coup et tout le monde me regarda. Je reconnus Alban, Aurlanne ou encore Maxime, qui n'était d'ailleurs pas très loin d'autres jeunes filles que je ne connaissais que de vue. Je fis quelques pas en avant. Je devais dire quelque chose et ne pas laisser ce gros blanc qui s'était installé quand j'étais arrivée. Ils me dévisageaient tous et ils me donnaient l'impression que je n'étais pas au bon endroit, que finalement ils avaient dû se tromper en m'envoyant une invitation. Je ne pouvais pas être invitée à cette fête-ci, sinon ils n'auraient presque pas fait attention à moi. Pourquoi me regardaient-ils tous de cette façon ? Certes je n'avais pas le même genre de tenue qu'eux tous, mais je faisais partie de leur groupe d'une certaine manière. Nous étions tous les Frenchies. Je devais parler. Ouvrir la bouche. Dire quelque chose.